Décolonisation du Patrimoine : Conférence sur les nouvelles approches de restitution à l’Université de Leiden

Wereldmuseum Leiden (photo Madelon Dewitte)

Une conférence sur les ‘approches changeantes envers la restitution et le retour du patrimoine colonial: expériences et pratiques décoloniales partagées’ a eu lieu ce 23 et 24 mai, au Wereldmuseum et à l’Université de Leiden.  

© Madelon Dewitte

Cette conférence interdisciplinaire, organisée par le Grotius Centre for International Legal Studies et le Research Group ‘Museums, Collections and Society’ de l’Université de Leiden, a rassemblé beaucoup d’universitaires et de professionnels du monde muséal. Par son large panel d’invités et de sujets abordés, l’objectif de cette rencontre était d’aller au-delà des approches et des politiques de chaque pays en matière de restitution et de retour du patrimoine culturel, pour explorer les leçons comparatives que l’on peut tirer de différents contextes. 

La conférence s’est divisée en plusieurs panels abordant différents thèmes : les différentes perspectives nationales sur la restitution et le retour du patrimoine culturel, la présence de frontières éthiques et légales changeantes, les expériences de numérisation, les différentes épistémologies et expériences des processus de restitution et enfin les nouvelles formes de collaboration entre les musées et les communautés d’origine.

Le premier thème a offert une analyse comparative des différentes approches de la restitution en Afrique, Amérique latine, Australie et aux États-Unis, mettant en évidence la diversité des contextes. Les intervenants ont insisté notamment sur le besoin crucial de pratiques muséologiques plus inclusives et de l’importance du dialogue direct entre les musées et les communautés. 

Le second thème a permis de souligner la complexité des interactions entre la loi et l’éthique dans les politiques de restitution. Les interventions ont mis en lumière les différences entre les systèmes légaux en la matière (notamment aux Pays-Bas et en Belgique) en soulignant les lacunes des cadres existants, tout en imaginant de nouvelles manières d’aborder des défis souvent négligés dans le discours et la pratique publics, tels que les devoirs de diligence dans le commerce, et le rôle des collections privées. 

Pour terminer la première journée d’échanges, les présentations se sont concentrées sur les défis de l’espace numérique dans le contexte de la restitution d’objets. Le rôle de cette numérisation a été questionné, notamment quant à la manière dont elle peut encadrer les histoires des objets, et de son impact sur la recherche de provenance, l’accès aux objets et la restitution des connaissances sur ces objets. Le panel a conclu en soulignant l’importance croissante de l’espace numérique dans les processus de restitution et la nécessité de continuer à développer des pratiques éthiques et collaboratives pour maximiser les bénéfices de la numérisation tout en respectant les droits et les intérêts des communautés concernées.

La deuxième journée de ce symposium a démarré en explorant les approches concernant les identités des objets, la rencontre de différentes épistémologies et les expériences des processus de restitution, incluant les restitutions en Indonésie, au Sri Lanka et les dynamiques autour du retour des bronzes du Bénin. Enfin, le dernier panel a mis en lumière la transformation du rôle des musées à travers les processus de restitutions et de retour. Les intervenants ont notamment évoqué comment ces processus peuvent fournir une méthodologie pour repenser les systèmes de connaissances, les pratiques d’exposition et la recherche de provenance, notamment dans des cadres collaboratifs avec les communautés d’origine des collections des différents musées. 

Ces deux journées d’échanges très instructives ont permis de faire émerger une riche diversité de perspectives et d’approches sur la restitution et le retour du patrimoine culturel. En rassemblant des universitaires et des professionnels du monde muséal, la conférence a réussi à dépasser les cadres nationaux pour offrir une vision comparative globale. Les discussions ont mis en avant l’importance des pratiques muséologiques inclusives, du dialogue direct avec les communautés, et de la transparence dans les processus de restitution. Les échanges ont renforcé la conviction que la restitution n’est pas seulement un acte juridique, mais aussi un processus profondément humain et collaboratif, essentiel pour le respect et la reconnaissance des cultures et des histoires partagées. Pour plus d’informations concernant les intervenants et les thèmes abordés, visitez ce site.

Image mise en avant: Wereldmuseum, Leiden (©Madelon Dewitte)

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